Hommage de Didier à ma passion du RAKU

Trésor d’argile

Je suis la boule d’argile sale et réfractaire façonnée par tes mains agiles,

Fille de la terre et du feu, masse informe modelée par tes doigts enchanteurs,

Surgie de tes songes, j’emprisonne ton âme en  prenant  vie sous tes caresses,

Par un souffle inspiré tu donnes une fragile beauté à celle qui, hier, était inerte.

Mystérieuse et souple, les sens en éveil,  je vibre à chacune de nos étreintes,

Ton exquise ivresse fait jaillir mes rondeurs naissantes et monter la fièvre,

Je  danse entre tes mains habiles et frissonne lorsque tes doigts m’effleurent,

Malaxée de caresses langoureuses, tu me berces de ta tendre chaleur.

Tes mains sur moi, je ressens un doux frisson qui me parcoure avec déraison,

Comme étourdie par une valse effrénée, je me dodeline dans ce long corps à corps,

Glissant entre tes doigts experts je suis emportée dans un tourbillon délicieux,

Lentes métamorphoses sous les pressions délicates de tes mains ensorceleuses.

Dans le creuset de ton cœur, je renais à chacune de nos rencontres enflammées,

Tu me pares de mille feux en me livrant au choc thermique exquis et douloureux,

Je frémis de plaisir et m’abandonne sous le feu du brasier et l'effet des oxydes,

Effrontée, Je m’irise alors de rouge, de bleu, ou de reflets métalliques inimitables.

Délicatement de fines craquelures naissent, tel un feuillage roussi par l’automne,

Des perles de douceur circulent en boucle à travers ces subtiles veines noires,

Arc-en-ciel de sensualité débridée sur lequel tes mains ont déposé leur patine,

Célébration de la beauté que le temps et l'attention donnent aux matériaux.

Instant excitant quand se révèle le reflet de ton âme, la vie pour toi devenant récréation,

De cette tendre transformation en ressortent l’harmonie enivrante et sensuelle de la femme,

Un galibot attachant fixé pour l’éternité dans le patrimoine culturel du bassin minier,

Un ours polaire et un éléphant d’Afrique soumis eux aussi aux chocs thermiques.

Ô ma muse ; tu m’as engendrée en mariant  les quatre éléments -Terre-Air-Eau-Feu,

Tes mains sont allées  à la rencontre des matières, se délectant de leurs variations infimes,

De tes doigts agiles tu as abusé et joué pour me rendre unique, pure et harmonieuse,

M’imprégnant de notes suaves et sucrées dansant une sarabande échevelée sur ma peau.

Acquise par un esthète amoureux des arts pluriels je suis désormais un trésor inestimable,

 Divine Guislaine, tel Prométhée tu es parvenue à recréer le monde à partir de l’argile,

Matière symbole de la fécondité de la terre, origine de la vie dans tous les mythes de création,

Tu as fait ainsi revivre l’histoire des civilisations au travers de cette pâte que tu modèles.

Didier